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La Startup robotique qui démocratise la robotique ! Entretien avec Niryo

L’occasion de la présentation de leur nouveau robot Ned, successeur du Niryo one est le bon moment pour vous parler de Niryo. Cette startup robotique mise sur la facilitation de l’accès aux robots pour la recherche, la formation et l’éducation afin de démocratiser la robotique, la cobotique et les applications robot pour l’industrie 4.0.

 

Portrait de Loic Lantoine
Échange avec Loïc Lantoine, responsable Marketing chez Niryo.

 

L’ambition de Niryo est de démocratiser la robotique et de devenir leader dans la cobotique, quelle est l’origine de cette vision ?

Niryo a été créée par deux ingénieurs sortis de l’école. Il se sont rendu compte que le marché ne proposait pas de solution accessible pour disposer facilement et avec un budget maîtrisé de Robot éducatif pour réaliser des travaux pratiques.

En effet les robots industriels sont chers, ils prennent de la place, il n’est donc pas envisageable pour les établissements d’en disposer pour chacun des élèves. Des solutions existent bien sûr, comme par exemple la formation sur des simulateurs, mais elles n’apportent pas le même niveau d’implication pour les élèves que de travailler sur un véritable robot.

C’est donc fort de ce constat qu’ils ont décidé de développer et promouvoir l’idéal d’un robot accessible pour tous. Cette initiative a pris forme en 2017 avec la création d’une campagne Kickstarter pour le Niryo One. Cette campagne de crowdsourcing a été couronnée de succès dès la première journée et a atteint 400% de son objectif à son terme ! L’ambition est en effet simple et incroyablement alignée avec les besoins des industriels aujourd’hui : il s’agit de démocratiser la robotique.

Ned le nouveau robot de Niryo
Ned le nouveau robot de Niryo

Pourquoi avoir choisi des technologies open sources et non un environnement propriétaire fermé ?

La sortie du Niryo One a lieu à une période où la communauté “maker” ainsi que le nombre de Fablabs s’agrandissent chaque jour. Le Nyrio One est onéreux pour un maker. Mais le fait qu’il soit basé sur des technologies open source permet à la communauté de prendre part à cette aventure avec ses moyens. C’est aussi une formidable source d’inspiration pour améliorer le modèle. De nouveaux cas d’usages naissent de cette intelligence collective, grâce aux utilisateurs, universités, centre de formation ou écoles.

Car c’est bien ici que réside le besoin d’équipement. D’une part bien sûr côté hardware, le robot, et aussi pour tous les supports de formation. La formation se base par exemple sur des supports applicatifs et des cas d’usages industriels. Ils permettent aux élèves et aux apprenants de comprendre comment un robot six axes change la perception de l’automatisation.

Aujourd’hui, les établissements de formation (CFA, universités, écoles d’ingénieurs..) utilisent le Niryo One pour enseigner la programmation et la robotique. Les entreprises industrielles l’utilisent pour former leurs employés à la robotique collaborative. Les laboratoires de recherche prototypent grâce à lui de nouveaux usages industriels orientés industrie 4.0.

Comment a démarré l’entreprise, la Startup robotique Niryo ?

Dans un premier temps Niryo s’est développé dans l’incubateur Euratechnologie à Lille. https://www.euratechnologies.com/

Il s’agit du 1er incubateur & accélérateur en France, c’est un pôle d’excellence et d’innovation implanté à Lille sur 80 000 m² et sur 3 autres campus sectoriels à Roubaix, Willems et Saint-Quentin. EuraTechnologies accompagne le développement de tous les entrepreneurs du numérique grâce à une méthodologie et un savoir-faire unique dans le soutien aux entreprises, de leur amorçage à leur déploiement international.

Aujourd’hui Niryo a quitté l’incubateur et compte plus d’une 20aine de salariés. Elle s’apprête à ouvrir un second bureau, en France, à Orléans, dans le but de renforcer son équipe commerciale.

Démarrer une StartUp c’est apprendre à fonctionner de manière agile. Chaque échec nous a permis de créer une nouvelle itération pour rebondir et grandir tous ensemble. Aujourd’hui, nous avons acquis une expérience significative qui nous a permis de changer nos perspectives d’évolution.

Notre ambition est de démocratiser la robotique

D’un point de vue budget, comment se positionne le Niryo One et quel est le business model de Niryo ?

Le tarif d’entrée d’un Niryo One se situe autour de 2000€. Avec ce tarif, l’objectif est bien de pouvoir faire travailler chaque élève, chaque apprenant sur son propre robot, sans problème d’accès au matériel.

L’objectif de Niryo est de démocratiser la robotique en poursuivant cette démarche orientée vers une robotique collaborative plus accessible, avec des robots éducatifs se basant toujours sur des technologies open source.

Au-delà du domaine de l’éducation, nous travaillons sur des solutions cobotiques qui permettent aux industriels de gagner rapidement en agilité.

Avec quels types d’entreprises travaillez-vous aujourd’hui ?

C’est l’enseignement supérieur qui utilise le Niryo One principalement, mais il a aussi trouvé sa place dans de nombreux sujets de recherche par exemple relatifs à la médecine (Université du Texas), à l’assistance à l’humain (Travers Rhode, docteur issu de la Carnegie Mellon University)

Pour la formation ou la mise en place de solutions industrielles, nous travaillons également avec des entreprises telles que Bonduelle. Ils peuvent utiliser le Niryo One pour la formation en interne. Nous apportons également notre expertise pour l’automatisation de certains processus.

Application Niryo à l'institut supérieur de l'électronique et du numérique, un robot Niryo dépose un produit dans un AGV. Niryo est une startup robotique qui ambitionne de démocratiser la robotique.
Application Niryo à l’institut supérieur de l’électronique et du numérique, un robot Niryo dépose un produit dans un AGV

 

En quoi ce robot est-il adapté pour l’éducation et la formation ?

Le Niryo One a été conçu pour être accessible pour l’éducation, et si sa destination première est le bureau d’un étudiant pour apprendre à utiliser un bras robotisé dans le cadre d’un processus industriel, les technologies utilisées étant open source, il est permis de le détourner et de l’utiliser pour de nombreux sujets de recherche par exemple.

L’un de ses intérêts majeurs est la faible quantité de connaissance nécessaire pour programmer le robot. “Blocky” est un système de programmation visuelle à base de blocs à assembler. Il permet de programmer le robot de manière visuelle et intuitive. Cette méthode de contrôle est idéale lorsque le sujet est l’étude des applications robotiques. On n’a pas besoin d’apprendre un nouveau langage de programmation. Blocky permet de créer des séquences, de les enchaîner, et d’arriver à des mouvements complexes. On travaille aussi précisément que ce que l’on pourrait faire en passant par le code.

Il est aussi possible de réaliser des TP sur ROS (Robot Operating System), de programmer en python, en C++, de s’interfacer en modbus, ou encore via Matlab… Les possibilités sont vraiment très vastes. Le robot est proposé avec de nombreuses ressources pédagogiques. Les enseignants disposent de cette manière d’un ensemble d’inspiration. Ils prennent le robot en main facilement pour leurs cours. Le Niroy One dispose d’accessoires et de modules. Par exemple des préhenseurs, un système de vision, ou encore un convoyeur. Ils permettent de simuler des applications élaborées, d’implémenter de l’intelligence artificielle, de la connectivité pour prototyper des usages liés à l’industrie 4.0.

Quelle est la vision d’une Startup Robotique au sujet de l’industrie 4.0 ?

Elle doit à la fois être accessible et humaine. On en parle beaucoup en termes de chiffres, de rentabilité, de productivité, ce qui est légitime. Mais l’objectif humain est très important aussi. Les robots vont être de plus en plus présents autour de nous, et donc aux côtés des humains. Les gains par exemple sont de limiter les TMS, assister les opérateurs pour le port de charges lourdes ou répétées ou encore venir aider toute personne dans son travail au quotidien. Au même titre que l’on ne pourrait plus imaginer travailler sans ordinateur aujourd’hui.

La cobotique, les nouvelles technologies, l’industrie 4.0, sont au service de l’humain dans l’entreprise et de l’entreprise dans son marché. L’entreprise peut gagner en flexibilité avec la robotique collaborative. Elle peut  alors répondre rapidement aux évolutions des besoins des clients qui s’expriment aujourd’hui sur des temporalités très courtes. Il faut sans cesse ajuster les process de fabrication ce qui n’était pas possible avec des robots traditionnels.

Bien sûr il s’agit aussi de l’usage que l’on peut faire de la data pour améliorer les process de production. Améliorer la productivité, c’est améliorer la qualité, limiter les rebuts, mettre en route plus rapidement, maintenir mieux les machines, supprimer les accidents ! L’industrie 4.0 permet grâce à la data de transformer de nombreuses informations en indicateurs clés permettant de prendre des décisions cruciales de manière pertinente.

Que diriez-vous à un étudiant qui souhaiterait en savoir plus sur la robotique ?

Rester à l’affût des nouvelles technologies, de la veille sur les nouveaux sujets. Il faut aussi toujours prendre de la hauteur ou du recul sur ce que l’on fait. Il faut réfléchir en termes d’usage final de toutes les technologies. Car on parle facilement de potentiel, mais on oublie la réalité, les usages concrets, l’exemple frappant est la question de la 5G. Technologie de rupture, mais savez-vous précisément dire ce que cela change dans le quotidien des industriels ? La réalité du terrain est souvent assez impalpable pour un étudiant. Il faut donc rester en veille sur les technos qui ont un impact et comprendre les phénomènes de ricochets, quelles technos ont un impact sur quelles applications. Cela demande de réfléchir en dehors de son cercle de spécialisation. Savoir rester ouvert, douter, reconnaître son ignorance, et finalement apprendre toujours plus.

Pouvez-vous citer un livre qui a été déterminant dans le métier que vous faites aujourd’hui ?

Bien sûr ! Je vais être un peu cliché, mais le cycle Fondation d’Asimov peut beaucoup plaire aux personnes passionnées par la robotique !

 

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